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Mis à jour le 18/10/2022

> La technique de l’anamorphose intègre le spectateur dans l’œuvre, et valorise les environnements dans lesquels celle-ci se trouve.

D’où vient l’anamorphose ? Qui l’a utilisée en premier ? Comment la réaliser ? Comment se déclinent les anamorphoses dans l’art urbain aujourd’hui ? On vous dit tout sur cette technique remise au goût du jour par les street-artistes dans cet article : “Anamorphose : définition et exemples“.

> Pour en savoir plus, consultez notre article Anamorphose : 10 artistes incontournables

Anamorphose : définition

anamorphose : n. f. venant du grec anamorphoûn, signifie transformer.

Le principe de l’anamorphose consiste à réaliser une œuvre déformée, dont la recomposition sera perceptible à partir d’un endroit précis. Autrement dit, l’œuvre est compréhensible d’un seul point de vue. Partout ailleurs, le spectateur ne voit que des éléments incohérents entre eux.

Cette technique relève donc de procédés mathématiques pour jouer avec notre vision. Le spectateur devient acteur car il doit se déplacer dans l’espace pour lire l’œuvre : il en devient une composante.

Les origines

La technique de l’anamorphose est apparue au XIVe siècle dans les œuvres chinoises de l’époque Ming, où une image déformée est reconstituée sur un miroir cylindrique posé en son centre. Cette manipulation par miroir sera d’ailleurs utilisée pour révéler des scènes “confidentielles“ (caricatures, grossièretés, érotisme, etc.).

Dès la Renaissance au XVe siècle, le peintre et mathématicien italien Piero della Francesca explique et définit la technique de l’anamorphose dans ses travaux sur les effets de perspective.

Les artistes peintres s’en empareront, tel Hans Holbein le Jeune dans son œuvre “Les Ambassadeurs“, réalisée en 1533 (et toujours visible au National Gallery de Londres), qui contient une anamorphose célèbre de crâne humain au premier plan.

“Les Ambassadeurs“ de Hans Holbein le Jeune – 1533

Au XXe siècle, Salvador Dali réalisera des œuvres en anamorphose utilisant le procédé de miroir cylindrique.

“Le Crâne“ de Salvador Dali ne prend véritablement son sens que lorsqu’on le regarde sur un cylindre chromé qui reflète son image. Le spectateur ne regarde plus l’œuvre elle-même, mais son reflet !

“Le Crâne“ de Salvador Dali – 1972 / © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí

Les différents supports de l’anamorphose

L’histoire passée de l’anamorphose s’illustre essentiellement sur des toiles peintes. Plus récemment, et particulièrement depuis les années 1980, ce procédé est utilisé en extérieur et en grande taille sur des façades.

La ville de Lyon en témoigne, avec ses fresques murales réalisées en trompe-l’œil : les images semblent réelles ou déformées selon le point d’observation, ce sont des anamorphoses !

Le miroir cylindrique

Une anamorphose peut être dévoilée par le reflet de l’œuvre elle-même. Pour cela, un miroir cylindrique doit être positionné au bon endroit pour que le spectateur puisse apprécier l’œuvre.

Cette technique fonctionne avec une déformation de dessin, de lithographie, de peinture sur toile ou bien de sculpture.

L’artiste Sud-Africain Jonty Hurwitz réalise des anamorphoses sculptées en utilisant ce procédé, avec un niveau de détail très poussé.

“Pura Vida : Red Eyed Tree Frog“ – 2018 / © Jonty Hurwitz

La sculpture

Au début des années 2000, l’artiste Bernard Pras utilise la technique de l’anamorphose à travers ses sculptures : des portraits de personnages célèbres réalisés avec des dizaines (voire centaines) d’objets. Un espace au sol est défini, dans lequel l’artiste intervient en posant ou en suspendant une multitude d’objets du quotidien. Cette accumulation créé une œuvre en 3d qui ne se lit que sur un plan 2d.

Pour percevoir le portrait, le public doit se positionner sur l’angle de vue indiqué. Le procédé de réalisation est très technique et l’effet est incroyable.

“Dali“ – 2004 / © Bernard Pras

“Dali“ (vue de côté) – 2004 / © Bernard Pras

L’anamorphose suspendue

L’œuvre peut également prendre de la hauteur ! Certaines anamorphoses suspendues donnent l’impression de flotter dans les airs. Les éléments, attachés au plafond par des câbles, semblent être en suspension dans l’espace.

La perception de la perspective est une fois de plus mise à rude épreuve. Le principe de base reste inchangé, l’observateur doit se positionner à un endroit précis pour lire l’œuvre dans son ensemble.

Mural Studio a réalisé un immense Ara bleu qui semble prendre son envol dans la galerie d’un centre commercial. La tête ne mesure que quelques dizaines de centimètres, alors que la dernière plume de la queue mesure plus de 5 mètres de haut !

“Ara bleu“ en mouvement – 2021 / © Mural Studio

“Ara bleu“ – 2021 / © Mural Studio

“Ara bleu“ (vue de côté) – 2021 / © Mural Studio

Le tableau

La toile est également un support pour jouer avec l’illusion d’optique. Comme vu précédemment avec “Les Ambassadeurs“, même une surface plane et de petite taille peut créer une interaction avec le public. À la Renaissance, l’artiste Italien Giuseppe Arcimboldo a peint une série de toiles représentant des portraits composés de différents objets.

Il intègre une multitude d’éléments liés à une thématique (4 saisons, végétaux, animaux, métiers…), et les agence pour obtenir des portraits caricaturaux. Ce style pictural étonnant est réaliste, et la première lecture de l’œuvre n’est pas si évidente. Un observation minutieuse révèle les détails et la subtilité de l’ensemble.

Le peintre laisse ici le choix au spectateur d’admirer soit une composition végétale, soit un portrait. Dans ce cas, ce dernier doit rassembler lui-même les indices picturaux afin de visualiser la représentation voulue.

“Vertumne“ de Giuseppe Arcimboldo – 1590

Le sol

Sans y prêter attention, nous voyons des anamorphoses tous les jours ! En effet, la signalétique routière se sert de ce principe. Les mots et les motifs peints au sol sont étirés, de manière à être facilement lisibles depuis le niveau des yeux d’un conducteur. Depuis peu, des passages piétons en 3D ont vus le jour dans de nombreuses communes.

Le sol est également un terrain de jeu inépuisable ! L’avantage de ce support est la taille considérable sur laquelle le peintre peut intervenir. Plus la profondeur disponible est importante, plus l’œuvre sera impressionnante !

Le street-artiste Allemand Edgar Mueller réalise des trompe-l’œil gigantesques qui représentent des gouffres, des crevasses, desquelles s’échappent parfois des créatures mythologiques. Les espaces sont démesurés et l’interaction avec le public fonctionne parfaitement.

“The Crevasse“ – 2009 / © Edgar Mueller

“The Waterfall“ – 2007 / © Edgar Mueller

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