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> Mural Studio insère régulièrement des calligraphies dans ses fresques murales. Cette pratique artistique nécessite une maîtrise technique et revêt une symbolique particulière pour l’artiste comme pour les spectateurs. L’artiste Snek, co-fondateur de notre entreprise, en a d’ailleurs fait la base de son univers créatif. 

La calligraphie est présente dans quasiment toutes les civilisations et à toutes les époques. Considérée comme un art, elle prend aujourd’hui place dans le mouvement street art dans un courant parfois nommé “calligraffiti“.

D’où viennent les calligraphies ? Comment se sont-elles répandues à travers les continents et les cultures ? Comment ont-elles traversé les siècles ?

Avant de répondre à ces questions, nous vous proposons de revenir sur la définition de la calligraphie. Nous nous intéresserons ensuite à ses origines et à son évolution jusqu’à son intégration dans le mouvement street art.

Définition

La calligraphie est l’art de bien former les caractères d’écriture (définition Le Robert). 

Cette définition prend un sens différent selon les cultures : 

  • en Occident il s’agit d’une recherche du beau. Les lettres sont travaillées et déformées pour aboutir à un esthétisme. 
  • en Asie, la calligraphie et l’écriture ne font qu’un puisque la lettre est un dessin. Il ne s’agit pas d’apprendre les lettres puis de les rendre « belles ».
  • la calligraphie Arabe revêt ces deux aspects : si l’écriture arabe est calligraphique, ses lettres ont donné lieu (et donnent toujours lieu) à des embellissements artistiques.

Les origines de la calligraphie

Les origines de la calligraphie varient selon les régions du globe, les cultures et les époques. La forme que prend cet art change beaucoup selon ces différents critères.

Les premières calligraphies apparaissent en Chine il y a plus de 3000 ans. Avant même l’apparition du pinceau, les premiers caractères figuratifs sont gravés sur des carapaces de tortues, des os d’animaux ou des objets en bronze.

Entre 300 et 200 avant JC, ces pictogrammes deviennent des caractères réalisés au pinceau sur des supports en bois ou en bambou. C’est la naissance des idéogrammes chinois (véritable système d’écriture que nous ne détaillerons pas ici) et donc de la calligraphie chinoise.

Celle-ci va se propager dans toute l’Asie en évoluant au gré des zones géographiques, des outils utilisés (les pinceaux chinois et japonais sont par exemple très différents), des milieux sociaux-culturels, etc. Un caractère peut ainsi connaitre une centaine de graphies différentes !

Os divinatoire Shang – 1200 av. JC / Wikipédia

Dans le monde arabe, la calligraphie se développe avec l’apparition de l’alphabet arabe au IVè siècle. Le hijazi est le premier style graphique à se répandre : c’est celui qui est utilisé aux VIIè et VIIIè siècles dans les manuscrits du Coran.

Le hijazi évolue vers une calligraphie plus soignée et mieux calibrée, le coufique. Ce style est le plus utilisé dès le IXè siècle. Mais il connait des variantes selon les régions, les cultures, les outils. Très anguleux, ce style ne permet pas la rapidité d’exécution des caractères arabes.

L’écriture cursive apparait alors au Xè siècle : plus souple et déliée, elle favorise une production efficace de corans et de documents administratifs. Elle donnera lieu à six styles de calligraphies identifiés. Eux-mêmes connaitront des variantes de style du XIè siècle à nos jours.

Tous ces styles sont codifiés, et comme pour toute typographie les caractères doivent s’insérer dans un gabarit.

Folio du Coran en coufique – XIè siècle / Wikipédia

En Occident, les premières traces d’écriture apparaissent en Grèce et en Crète il y a 4000 ans. On ne peut qualifier ces premiers symboles de calligraphies. Il faut attendre le premier siècle et l’époque carolingienne pour assister à l’embellissement des lettres !

Et c’est au Moyen Âge que la calligraphie occidentale prend tout son sens : les plus beaux exemples de prolongements des lettres et d’ornementations des textes occidentaux se situent entre le XIè et le XIIIè siècle.

Psautier de Bonne de Luxembourg – Jean le Noir – 1348 / Wikipédia

L’art de la calligraphie

Calligraphier consiste à embellir des lettres, à en faire des figures artistiques. Cette pratique revêt différentes formes selon les endroits de la planète, les cultures, les outils utilisés et les règles d’action élaborées depuis des siècles.

En Asie

La calligraphie est non seulement un art majeur de la culture chinoise, mais elle est à la base même de l’art chinois : l’enjeu du beau et de l’émotion est tellement important dans la calligraphie chinoise et asiatique depuis son apparition que les différents styles de peintures et de sculptures orientaux en découlent.

La calligraphie en Asie prend tout son sens dans un objectif multiple à atteindre : réaliser un caractère à la composition juste et équilibrée, faire ressortir les différentes pressions et forces du coup de pinceau, transmettre des émotions et montrer une des vérités de l’idéogramme représenté. Et ce but guide l’écriture asiatique depuis plus de 2000 ans !

Le calligraphe est parfois peintre, et accompagne ses compositions de textes, de paysages ou de personnages.

Zhu Derun – Chaos primordial – 1349 / Wikipédia

Dans le monde arabe

L’écriture des caractères de l’arabe est elle aussi calligraphique depuis son origine. Néanmoins nous avons vu plus haut qu’elle a été codifiée et proportionnée dès son origine, avec une évolution des styles au fil du temps. En dehors des textes sacrés ou administratifs, les caractères arabes ont été -et sont toujours- embellis de manière artistique dans des compositions calligraphiques.

L’écriture arabe est utilisée pour magnifier des objets, valoriser des bâtiments, décorer de manière symbolique des intérieurs, produire des calligrammes (images figuratives en calligraphies), etc. Les formes et les mouvements de la calligraphie arabe ont inspiré et continuent d’inspirer nombre d’artistes, dont les street artistes actuels !

“Basmala“ – calligramme – 1924 / © Aziz Efendi

Verset du Coran en style Muhaqqaq – XIVè siècle / Wikipédia

En Occident

La calligraphie occidentale est dès ses débuts réservée à une certaine classe : ceux qui savent lire et écrire, les nobles et les seigneurs, les notaires du clergé ou les moines chrétiens.

L’embellissement de l’écriture revêt alors un caractère sacré, avec l’utilisation de couleurs précieuses telles que l’or. La calligraphie s’approche plus d’une forme de prière plutôt que d’une pratique artistique.

Elle va se démocratiser au fil du temps notamment par la propagation de la lecture et de l’écriture, le développement de nouveaux outils et supports permettant de réaliser des calligraphies, ainsi que par une utilisation de plus en plus politique, culturelle et commerciale.

L’art de la calligraphie occidentale est beaucoup moins figuratif qu’en Asie ou que dans le Monde arabe. L’objectif reste de conserver de la lisibilité dans l’embellissement des caractères.

Alphabet enluminé – XVè siècle / Wikipédia

“Vive la plume“ Jan van den Velde – vers 1610 / Wikipédia

La calligraphie est un art ancestral que l’on trouve dans différentes régions du monde. Elle reste à ses origines réservée à une frange de la population et participe à la propagation de textes sacrés. Peu à peu, la calligraphie se développe comme art à part entière, avec la particularité d’être à la source de toutes les pratiques artistiques en Asie.

> Fascinante à exécuter et à regarder, elle rencontre depuis quelques années le monde de l’art urbain.

Calligraphie et street art / calligraffiti

À l’instar de l’artiste Snek, les graffeurs et certains street artistes se sont emparés de l’art calligraphique pour le placer dans leurs fresques murales. Cette forme artistique parfois appelée “calligraffiti“ (contraction de calligraphie et graffiti) scelle la rencontre d’une pratique séculaire et d’un art récent.

Elle mêle des formes calligraphiques qui relèvent d’une symbolique sacrée à un courant urbain souvent décrié pour son aspect illégal. C’est la rencontre d’une pratique historiquement réservée à une élite avec l’art de rue créé dans les ghettos new-yorkais (voir notre article sur les origines du street art).

Les street artistes apportent leurs outils, leurs techniques, leurs visions artistiques et leurs savoirs-faire aux calligraphies en y ajoutant des couleurs, des ombres et des lumières. Ils donnent vie à ces caractères qui sont restés plats pendant des centaines d’années et qui étaient jusqu’ici peu colorés.

Les muralistes actuels réalisent des œuvres complètes en calligraphies, ou les insèrent dans des réalisations figuratives. Les calligraphies deviennent une abstraction, une forme graphique qui apporte de l’esthétisme, du mouvement, du dynamisme ou qui revêt un aspect symbolique.

Depuis plusieurs années, des artistes et street-artistes se sont spécialisés dans la réalisation de fresques murales incluant des calligraphies.

Retrouvez ci-après quelques exemples de peintres actifs dont nous apprécions le travail autour de la calligraphie !

Hassan Massoudy

France

Le calligraphe Hassan Massoudy est mondialement connu pour ses calligraphies. Né en Irak en 1944, il a influencé des générations d’artistes inspirés par la calligraphie. Ses œuvres modernes s’inscrivent dans le mouvement Hurufiyya.

Zepha

France

L’artiste toulousain Zepha a commencé à se faire connaître dans le monde du graffiti, pratique qu’il a débuté en 1989. Au fil des années, son style s’est orienté vers un travail personnel de la calligraphie qui dorénavant imprègne toutes ses œuvres, qu’elles soient sur toiles ou murales.

Pokras Lampas

Russie

L’artiste peintre russe Pokras Lampas s’est fait connaître internationalement il y a une dizaine d’années en réalisant des calligraphies en body painting. Depuis, il a décliné son travail dans l’univers de la Mode, et lors de réalisations sur d’immenses façades (et même des toits d’immeubles !). Sont style est imprégné des lettres cyrilliques.

Kkade

Suisse

Originaire de Bern en Suisse, Kkade   réalise des lettrages graffitis très rigoureux, dans lesquels la composition et l’équilibre sont primordiaux. Cofondateur du crew Suisse Schwarzmaler, il fait également partie du collectif Californien réputé The Seventh Letter.

Faust

États-Unis

Basé à New-York, Faust réalise des lettres assez simples au premier abord, mais qui nécessitent une grande dextérité lorsqu’on s’aperçoit de la taille de ses réalisations murales ! La typographie travaillée est un tag lisible, et les contrastes sont très marqués (souvent fond noir lettres blanches). Ici, c’est le message et l’impact de la composition dans l’espace qui priment.

Livre sur la calligraphie moderne

De nombreux ouvrages ont été édités pour apprendre les bases de la calligraphie, référencer des artistes ou encore raconter l’histoire de ce courant artistique millénaire.

Les artistes Étien’ et Snek de Mural Studio sont représentés avec une double page chacun dans le dernier ouvrage de Frédéric Claquin : Modern Calligraphy Bible – 101 alphabets from artists around the world.

Ce livre de 216 pages, édité par Schiffer en 2022, recense de nombreux artistes peintres, illustrateurs, graffeurs. Chacun a réalisé un alphabet, avec la typographie de son choix. Le résultat est très varié, tant sur les formes que sur les couleurs.

> Et bien sûr, l’équipe de Mural Studio n’est pas en reste : jetez un œil à nos fresques murales !

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